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ÉDOUARD OURLIAC.


« Œuvres complètes d’Édouard Ourliac ! » Hélas ! le charmant esprit dont nous allons parler n’a pas eu, de son vivant, la consolation de voir flamboyer ce titre pompeux, ce titre envié, en tête des quelques volumes qu’il eut la joie de pouvoir éditer. « Œuvres complètes ! » Édouard Ourliac eût souri à la pensée de cet idéal si difficilement réalisable ; il eût souri de ce sourire un peu triste de littérateur désabusé. Il n’eût jamais pu croire qu’on s’étudierait un jour à recueillir toutes ces feuilles volantes qui, tous les soirs, s’échappaient de sa fenêtre et qu’il ne comptait pas. Douze volumes déjà ! Et le dernier venu est accompagné de cette formule séduisante : « Les autres ouvrages paraîtront successivement. » Étrange destinée de cet homme d’esprit ! Certains écrivains survivent à leur gloire très légitimement éphémère : la gloire d’Ourliac s’éveille vingt ans après sa mort et fleurit sur sa tombe. Il est doux de penser que ce succès si bizarrement posthume est véritablement mérité.


I

À nos yeux, Édouard Ourliac est une des intelligences les plus originales, les plus fines, les plus humoristiques de ce temps-ci. Si l’on n’avait pas tant abusé de ce mot à