Page:Gautier - Portraits du XIXe siècle, Poëtes et romanciers.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sait réparer si merveilleusement un moment de colère par des années d’abnégation et de dévouement, et qui jette de la lumière, pour parler ainsi, au milieu de la société provinciale la plus ridiculement bourgeoise et la plus bourgeoisement ridicule… C’est fort bien ; mais enfin, ces œuvres, cent autres romanciers de notre temps auraient pu les concevoir et les écrire ; tandis que fort peu d’esprits, à notre gré, étaient capables de ces Contes philosophiques par où j’ai voulu terminer l’énumération des œuvres d’Ourliac.

Ces Contes philosophiques, qui, dans la nouvelle édition, sont dispersés en deux volumes[1], c’est l’Épicurien, c’est la Chimère ; puis, Monsieur Boniface, le Bien des pauvres, les Phyllophages, la Légende apocryphe, l’Oncle Scipion, Perdriel et Maître Strauss. Tels sont, à mes yeux, les meilleurs titres d’Ourliac à l’admiration du public… et à l’indulgence des gens de lettres.

Dans chacune de ces nouvelles, qui méritent de survivre à notre siècle, Édouard Ourliac s’est proposé de mettre en lumière une idée philosophique de l’ordre le plus élevé. Dans l’Épicurien il combat le sensualisme théorique et pratique ; dans la Chimère, il s’attaque au socialisme ; dans Monsieur Boniface, il traite la question de l’éducation ; dans les Phyllophages, il crayonne un pamphlet contre le journalisme ; dans le Bien des Pauvres, il plaide en faveur des corporations et de l’antique organisation de la charité ; dans la Légende apocryphe, il fait l’apologie sociale de la sainteté ; dans Perdriel, il esquisse l’histoire du démon dans la société humaine ; dans Maître

  1. Nouvelles et Contes sceptiques et philosophiques. Encore un coup, sceptiques est de trop.