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GÉRARD DE NERVAL.

à Uhland, dans une proportion exquise. Tout le monde, du moins parmi les lettrés, sait par cœur ces mignons chefs-d’œuvre qui ne dépassent guère une douzaine de vers d’un sentiment si tendre, d’une forme si discrète et si sobre, mais par malheur peu nombreux. Si la première manière du poëte avait été féconde et relativement facile, la seconde, bien supérieure, le fut beaucoup moins. Il semblerait que la muse un peu timide de Gérard fût effrayée, tout en les admirant, des grands coups d’aile et du fracas de rimes du lyrisme romantique. On peut supposer que là n’était pas son secret idéal, et qu’il eût préféré une poésie plus naïve et plus simple, moins artiste en un mot, et se rapprochant des légendes ou des chansons populaires, qu’il recherchait déjà dans ses promenades à pied à travers les campagnes et dont il a recueilli