Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/101

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lents, car la blessure de sa cuisse devait commencer à le faire souffrir, se drapant de sa muleta comme un empereur romain de sa pourpre, avec un air de majesté incomparable, au milieu des acclamations et des applaudissements frénétiques des spectateurs enthousiasmés.

Après une telle émotion, le reste de la course devient nécessairement bien pâle ; Tambor, Trabuco, Alevoso furent dépêchés avec plus ou moins de bonheur par el Panedero, la seconde épée, et tout le monde en se retirant exaltait la bravoure de Dominguez, et s’informait des suites de sa blessure, qui n’a rien de dangereux, à ce qu’affirment les médecins.

Leurs Majestés Impériales honoraient les deux courses de leur présence.


II


Quand on est à Bayonne et que l’on voit se découper à l’horizon la crête bleuâtre des Pyrénées, on se dit : « L’Espagne est là derrière ; en quelques tours de roue, nous y serons ! » Et l’on oublie qu’à Paris la tragédie déclame, le drame rugit, le vaudeville chantonne, et que les premières représentations se succè-