Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/109

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l’apparence de rochers, grâce aux plantes pariétaires qui s’y accrochent. La nature aime à parer les ruines. — Où le canon a fait un trou, elle met une touffe de fleurs.

La grande rue de Fontarabie aboutit à une porte, autrefois fortifiée, par où nous entrâmes, et s’élève, en suivant une pente assez rapide, jusqu’au palais du gouverneur. Cette inclinaison qu’évitent avec soin les édilités modernes, a presque toujours pour résultat une perspective d’un effet pittoresque.

Les maisons s’étagent avec une variété de lignes charmante, et semblent s’arranger à souhait pour l’aquarelle ou le décor d’opéra. Cette rue de Fontarabie nous restera longtemps dans la mémoire : figurez-vous des façades, les unes blanchies à la chaux, les autres noircies par le temps ; des toits saillants soutenus par des poutres sculptées ; des balcons surplombants, d’une serrurerie digne de Biscornete ; des blasons déroulant leurs lambrequins au-dessus des portes ; des palais aux planchers effondrés, aux fenêtres veuves de carreaux, faits pour loger des princes ou des artistes, et n’abritant plus que des chauves-souris. — Splendeurs disparues, gloires évanouies ! — Où sont les nobles hôtes qui animaient ces superbes demeures ? L’ortie pousse