Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/136

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ronnés de feuillages ; la simplicité allemande pouvait seule risquer cette hardiesse naïve : des cochons fleuris !

Des courses de chevaux eurent lieu ensuite. Les chevaux avaient de la race et du feu, mais les jockeys nous semblaient d’une tournure peu anglaise, singulièrement accoutrés et assez novices sur le turf. Notre étonnement cessa lorsque nous apprîmes que ces jockeys étaient tout simplement les éleveurs eux-mêmes, — bons cavaliers, du reste, et qui fournirent gaillardement leur course.

En regagnant notre calèche, nous vîmes passer les équipages de la cour, attelés de beaux chevaux blancs d’une race particulière au Wurtemberg, et dont la robe s’allie très-bien avec la grande livrée rouge et or du roi.

Depuis que nous étions à Stuttgart, une ambition presque irréalisable nous agitait, celle de pénétrer dans la Wilhelma, une résidence mystérieuse et charmante fermée à tous les regards profanes, un Eldorado inconnu dont on raconte vaguement les merveilles, — aucun voyageur n’y est entré, — unus vel nemo.

Nous concevons très-bien ce caprice royal de clore hermétiquement son rêve, de ne pas le laisser déflorer par la curiosité vulgaire, et d’y vivre absolument