Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/135

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même protection amicale qui nous avait déjà assuré le gite une excellente stalle d’orchestre. La salle était illuminée ou plutôt incendiée à giorno, et, quand leurs majestés impériales et royales parurent dans leur loge, une longue acclamation salua leur entrée. La toile levée, bien des têtes encore ne regardaient pas la scène : c’est en effet un spectacle rare dans l’histoire qu’une loge renfermant deux empereurs, un roi, une impératrice, une reine et une grande-duchesse ! et peut-être, les augustes spectateurs exceptés, personne n’écouta-t-il la musique brodée par Balfe sur le canevas de la Gypsy transformé en opéra.

Le lendemain, nous assistâmes à une grande fête agricole célébrée à Cannstadt ; en face de la tribune préparée pour les hôtes illustres du roi de Wurtemberg s’élevait un monument d’architecture rustique formé d’arcades en branches de sapin et surmonté d’un grand candélabre fait avec des pommes de couleurs contrastées, des épis de maïs et autres productions de la terre. — C’était charmant.

Les bœufs primés, ornés de guirlandes comme des victimes antiques, défilaient devant la tribune et recevaient leurs prix ; aux bœufs succédèrent les moutons, également enjolivés ; puis vinrent les porcs, aussi cou-