Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/143

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On ne saurait rien imaginer de plus gracieux, de plus riche, de plus charmant. L’on admire sans pouvoir se lasser ces colonnettes aux chapiteaux dorés et peints, ces ravalements de carreaux coloriés, ces rinceaux, ces losanges, ces entrelacs, ces étoiles, ces rayons, ces nervures, rechampis d’or sur des fonds d’azur, de sinople, de pourpre, qui en détachent le dessin ingénieusement compliqué ; ces niches et ces pénétrations taillées en stalactites ou en gâteaux d’abeilles, ces immenses guipures frappées comme à l’emporte-pièce, ces infinis détails où l’œil s’amuse et se perd à travers toutes les décompositions des formes mathématiques. L’art iconoclaste de l’Orient n’admettait dans son ornementation ni l’homme ni l’animal, à peine quelque fleurs chimériques : M. Zanth a été sur ce point aussi scrupuleux que s’il eût professé l’islam et répété cinq fois par jour, en dessinant ses plans : « La illah il Allah » ou : « Mohamed raçoul Allah ! » Nous approuvons beaucoup cette réserve, qui ajoute singulièrement au caractère de l’édifice.

Par un amour-propre qui honore son invention, M. Zanth n’a rien copié dans les ouvrages où sont reproduits les détails de l’Alhambra, de l’Alcazar de Séville, du Mirah de Cordoue ; il n’a pas décalqué Giraut de