Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/149

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route pour la saison d’été. Aucune idée pénible ne vient vous assaillir, jamais un convoi d’enterrement ne traverse les rues ; les habitants attendent l’hiver pour mourir, — s’ils meurent ; — à Baden, tout le monde se porte bien, et les eaux qu’on y boit ne servent qu’à ouvrir l’appétit.

La ville, faite en décor d’opéra, s’étage gracieusement sur une colline, dominée par le château du grand-duc et une église dont les clochetons à renflements moscovites produisent un fort bon effet.

Au bas, le long d’une rue bordée de ces grands hôtels à tenue aristocratique, à confortable anglais, qu’on ne trouve qu’au delà du Rhin, court sous une multitude de ponts en bois, en pierre, en fer, l’Oos, une jolie rivière-torrent, qui couvre de deux ou trois pouces d’eau diamantée un lit de gravier et de granit, tapissé de fontinales.

Par ces simples lignes qui ont l’intention d’être un éloge, car rien n’est plus charmant que cette eau vive au milieu de la ville, nous venons peut-être de susciter à jamais contre nous la haine des Badois, à qui nous désirons, au contraire, être agréable. Les habitants des pays étrangers ont l’amour-propre de leurs rivières, et les Madrilègnes nous en veulent encore pour