Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/150

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avoir dit, il y a dix-huit ans, que les blanchisseuses du Mançanarès lavaient le linge avec du sable. Les Florentins abhorrent particulièrement Alexandre Dumas père, qui a émis quelques doutes sur la profondeur de l’Arno.

Disons comme correctif que l’Oos, à voir le soin avec lequel il est encaissé, doit gonfler prodigieusement à la saison des pluies et des fontes de neige.

Quel joyeux tumulte ! les calèches vont et viennent, les chevaux piaffent, les ânes trottinent, les piétons se croisent en se saluant de la main comme au boulevard des Italiens. Au bout de quelques minutes, vous démêlez dans cette foule pimpante et parée un courant qui se dirige vers le même but. Vous vous laissez porter par lui, et vous arrivez bientôt, de l’autre côté de l’Oos, à une grande pelouse entourée d’arbres séculaires, parfumée d’orangers en fleur, veloutée et verte comme le tapis de ray-grass d’un parc anglais, au fond de laquelle se développe monumentalement la maison de Conversation, dont Alfred de Musset a trop médit dans son charmant poëme intitulé une Bonne Fortune ; elle vaut bien l’Odéon, la Bourse, ou tout autre édifice moderne de bon goût.

D’ailleurs, si vous n’aimez pas les colonnes, vous