Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/192

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les côtelettes de saumon, les légumes à l’eau, le karis à l’indienne, et les petites pharmacies de condiments au vitriol, le poivre rose de Guyenne, le piment rouge des Indes, l’harvey et l’anchoe-sauce, et les bourgeons de palmier confits au vinaigre. — Grâce à eux, il n’est pas d’île déserte dans l’archipel le plus inconnu de l’Océanie où l’on ne trouve, à toute heure du jour et de la nuit, du thé, des sandwichs et du brandwine, comme aux tavernes qui longent Greenwich.

Le repas terminé, nous nous répandîmes un peu par la ville sans guide, selon notre habitude, et nous fiant à cet instinct de la configuration des lieux qui nous empêche de nous perdre, même dans les endroits que nous ne connaissons que par la carte ou un coup d’œil rapide ; nous remontâmes le lungo à l’Arno jusqu’au pont de la Trinité ; nous enfilâmes une rue, et nous nous trouvâmes devant le café Doni, ce Tortoni de Florence ; les calèches s’y arrêtent en revenant de la promenade des Caschines, les Champs-Élysées de l’endroit, et l’on s’y fait apporter des glaces dans sa voiture.

Deux grandes filles un peu basanées, mais assez belles, costumées avec une sorte d’élégance et coiffées de ces chapeaux de paille d’Italie à tresse fine dont on fait tant de cas à Paris, et qui s’y vendent si cher, se