Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/193

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précipitèrent vers nous avec une hardiesse joyeuse, les mains pleines de fleurs, et eurent bientôt fait un parterre de notre gilet ; chaque boutonnière de notre habit se trouva, en un clin d’œil et sans que nous eussions pu nous en défendre, étoilée d’un œillet ou d’une rose. Jamais garçon de noce ne fut plus fleuri. Les bouquetières, ayant vu un nouveau, comme on dit en termes de collégien, avaient exploité cette proie et saluaient notre bienvenue à leur manière. Florence est la ville des fleurs ; on y en fait une consommation énorme ; aux promenades, le siège des voitures est encombré de bouquets, on en fait pleuvoir à chaque pas dans les calèches, les maisons en regorgent, et l’on monte les escaliers entre deux haies fleuries. — On dit qu’au printemps la campagne est émaillée de mille couleurs comme un tapis de Perse. C’est un spectacle dont nous ne pouvons parler que par ouï-dire, car nous étions en automne.

Pendant que nous étions aux mains de ces filles, nous nous entendîmes appeler par trois ou quatre voix amies, comme si nous eussions été sur le boulevard des Italiens.

L’ami avec lequel nous avons fait, en 1840, ce beau et long voyage d’Espagne, resté un de nos plus chers souvenirs, se trouvait à Florence, où il préparait les maté-