Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/194

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riaux de sa superbe publication photographique, l’Italie monumentale, dont on a pu admirer les premières livraisons au vitrage de Vibert et Goupil, et nous serrait cordialement la main à travers le groupe acharné des bouquetières ; — Loubon, le peintre marseillais, Stürler, un artiste allemand de l’école d’Overbeek, dont on n’a sans doute pas oublié un tableau représentant la mort de Suenon, exposé il y a quelques années au Salon et rappelant par son faire les peintures à l’eau d’œuf, les triptyques du XIIIe siècle ; — G., le philologue, l’érudit, le mystérieux puits de science, qui amasse pour lui tout seul une érudition de bénédictin, nous saluaient gaiement et nous offraient des cigares et des glaces.

Nous étions en plein pays de connaissance, et, le coude sur une table, le nez dans un épais nuage de fumée, nous commençâmes une de ces conversations qui ne peuvent se tenir que depuis la rue Grange-Batelière jusqu’à la rue du Mont-Blanc, entre gens qui, comme artistes, critiques, philosophes, poètes, ont parcouru tous les mondes de l’art. Quelque beau que soit un climat, quelque riche que soit un pays en palais, en tableaux, en statues, rien ne remplace ces entretiens vagabonds, pleins d’ellipses et de sous-entendus, où un