Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/204

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florentine. Pour obtenir la symétrie parfaite, il aurait fallu bâtir sur le sol détesté de la maison gibeline, rebelle et proscrite des Uberti ; ce que la faction guelfe, alors toute-puissante, ne voulut pas permettre à l’architecte Arnolfo di Lapo. Des érudits contestent cette tradition ; nous ne discuterons pas ici la valeur de leurs objections. Ce qu’il y a de certain, c’est que le palais vieux gagne beaucoup à la singularité de cette assiette, et laisse ainsi de l’espace pour la grande fontaine de Neptune et la statue équestre de Cosme Ier.

Le nom de forteresse conviendrait mieux que tout autre au palais vieux ; c’est une grande masse de pierres sans colonnes, sans fronton, sans ordre d’architecture, formant comme une énorme tour carrée, un peu allongée en parallélogramme, dentelée de créneaux et couronnée d’un moucharaby d’une projection assez forte ; aux étages, des fenêtres ogivales percent, comme des meurtrières, les épaisses murailles du massif édifice, et, du centre, comme un donjon du milieu d’une citadelle, s’élance un haut beffroi également crénelé, portant un cadran sur le pan qui regarde la place.

Le temps a doré les murs de beaux tons roux et vermeils qui ressortent merveilleusement du bleu pur du ciel, et toute la bâtisse a cet aspect hautain, romantique