Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/203

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d’un ballon, sont à peu près perdus pour le spectateur qui n’en peut saisir l’ensemble, sa taille ne l’élevant qu’à cinq pieds au-dessus du sol.

Une place, pour produire un bel effet, ne doit pas être trop vaste ; au delà d’une certaine limite, le regard s’éparpille et se perd. Il faut aussi qu’elle soit bordée de monuments variés et de diverses élévations. La construction en hauteur est élégante et circonscrit avantageusement l’espace : on en démêle tous les détails. C’est la différence d’un tableau dressé à un tableau couché par terre et sur lequel il faudrait marcher pour le voir.

La place du Grand-Duc, à Florence, réunit toutes les conditions du pittoresque architectural, l’interséquence et la variété ; bordée de monuments réguliers en eux-mêmes, mais différents les uns des autres, elle plaît aux yeux sans les ennuyer par une froide symétrie.

Le palais de la Seigneurie, ou vieux palais, qui, par sa masse imposante et son élégance sévère, attire tout d’abord l’attention, occupe un angle de la place, au lieu d’en occuper le milieu. Cette situation bizarre, heureuse selon nous, regrettable pour ceux qui ne voient le beau, en architecture, que dans une régularité géométrale, n’est pas fortuite ; elle a une raison toute