Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/218

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Les colonnes de la loggia ont des chapiteaux d’un corinthien gothique et fantasque, où les régularités de Vitruve ne sont pas observées ; ce qui n’ôte rien à leur grâce et à leurs heureuses proportions. Une balustrade découpée à jour couronne l’édifice, terminé en terrasse, d’une façon délicate et légère. — Le nom de loge des Lances lui vient d’une ancienne caserne de lansquenets, qui existait non loin de là, lorsque les fondements en furent jetés, sous la tyrannie du duc d’Athènes. Le but de ces constructions était d’abriter les citoyens des pluies subites, et de leur permettre de s’entretenir à couvert de leurs affaires ou de celles de l’État. C’était sous cette galerie, exhaussée de quelques pieds au-dessus du sol de la place, que l’on investissait les magistrats de leurs pouvoirs, que l’on créait les chevaliers, que l’on publiait les décrets du gouvernement, et que l’on haranguait le peuple comme du haut d’une tribune.

L’édilité ferait bien d’élever, dans nos pluvieuses cités du Nord, où les passants sont vingt fois par jour exposés aux brusques intempéries des saisons, des monuments comme la loggia de Lanzi de Florence, la lonja de Seda de Valence, le forum Boarium ou la Græcostasis de Rome : outre les promeneurs, ces portiques pourraient abriter, de même que celui d’Or-