Aller au contenu

Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chanteuse de la Pergola ; c’est grave ! Les toilettes se discutaient et s’analysaient, plus négligemment cependant que partout ailleurs, car le plaisir était la grande affaire ; mais les filles d’Ève pensent toujours un peu à la découpure de la feuille de figuier qui enveloppe leurs charmes. Pourtant, — et cela tient sans doute à la vertu du climat, — on a vu aux Caschines des Parisiennes assez éprises pour n’être plus vaniteuses et ne regarder que leur amant.

Ce mouvement d’étrangers s’est un peu ralenti : cependant, les Caschines offrent encore, de trois heures à sept heures, selon la saison, un spectacle de la plus joyeuse animation.

Lorsque nous y arrivâmes en calèche, car il serait de mauvais goût de s’y montrer à pied, quoique la distance qui sépare les Caschines de la ville soit très-petite, l’assemblée était au grand complet ; il faisait beau, l’air était doux, et le soleil glissait quelques joyeux rayons entre de légers nuages pommelés.

Le rond-point des Caschines représentait un immense salon, dont les calèches arrêtées figuraient les canapés et les fauteuils. Les femmes, en grande toilette, se renversaient sur le fond de leur voiture, dont le devant était encombré de fleurs, avec toute sorte de poses