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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/270

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vrai qu’elle se mit à jeter feu et flamme lorsque les roues s’éteignirent et s’arrêtèrent.

Pendant les explosions lumineuses du feu d’artifice, nos yeux n’avaient pas cessé de suivre la marche de l’heure sur le cadran éclairé d’une église. Il était grand temps de partir. Nous regagnâmes notre calèche, qui nous mena au galop à l’embarcadère du ferro carril, et, dix minutes après, nous étions en route pour Madrid.


IV


Un trajet de nuit en chemin de fer n’offre pas grande matière à description, à moins qu’on ne raconte les rêves bizarres qu’inspire un sommeil contraint, où le corps cherche en vain une bonne posture. Aux gares, quelques cris glapissants indiquant le nom de la station, quelques lueurs vagues éclairant des architectures ensevelies dans l’ombre et des figures sans doute fort ordinaires qui prennent sous le rayon un aspect fantastique, des bruits de ferraille, de tampons entre-choqués, des sons de cloche et le sifflet aigu de