Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/289

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Meninas, de las Hilanderas ; il faudrait tout un volume, et nous terminerons par un tableau d’Antolmez qui nous a vivement frappé et que nous n’avions pas vu dans notre premier voyage. C’est une Madeleine qui s’enlève par la force de la prière et reste suspendue en l’air, au milieu d’anges battant des ailes comme pour applaudir ce miracle de ferveur. La tête de la Madeleine, noyée dans une extase à la sainte Thérèse, est d’une sublimité étrange et divine ; elle luit fiévreuse et rayonnante d’hallucination mystique, et tout cela est d’une couleur si brusque et si harmonieuse, si fauve et si splendide, d’un caractère si bizarre, si romantique et si original, qu’on croirait voir réalisé l’idéal que Delacroix a cherché toute sa vie.


VI


Si quelque sorcier nous avait prédit en 1840 que nous verrions un jour sur les murs de Madrid l’affiche suivante : « Train de plaisir (tren de recreo) pour l’Escorial, » nous aurions accueilli sa prophétie avec un