Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

architecture sévère en harmonie avec celle de l’église sont agenouillées les statues en bronze doré de Charles-Quint, de Philippe II, de l’infant don Carlos et d’autres princes et princesses de la famille. Dans le chœur qui fait face à l’autel, on montre la stalle où s’assit pendant quatorze ans le pâle fils du grand empereur à la fière devise.

On descendit ensuite au podridero (pourrissoir), nom énergique qui a prévalu sur celui de Panthéon, et qui est assurément plus philosophique et plus chrétien. C’est un caveau octogone dont les parois sont revêtues de jaspes et de marbres de couleur. Là sont déposées dans des sarcophages de forme antique, qu’abritent des niches symétriques, les dépouilles des rois et des reines qui ont laissé succession.

Autrefois, nous étions seul quand nous visitâmes ce lieu funèbre, et nous pouvions nous livrer à notre lugubre impression. Décidément, nous ne sommes pas de l’avis des six prophètes. L’Escorial solidaire, avec son immense ennui au milieu de son désert aride, nous plaît mieux que l’Escorial animé, pimpant et frétillant des trains de plaisir.