Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/307

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de la rue. Ces maisons, bizarrement enchevêtrées les unes dans les autres et se touchant presque par le toit, ont des physionomies assez farouches. La serrurerie y abonde. Les rares fenêtres sont grillées avec un luxe de barreaux très-compliqués et très-ouvragés. Les portes, parfois surmontées de blasons, flanquées de colonnettes de granit, cintrées de nervures et ornées de boules, ont des ferrures formidables et sont semées de gros clous à pointe de diamant. Il faudrait un bélier ou du canon pour les enfoncer. Quand, par hasard, elles s’entre-baillent, elles ne vous laissent pas pour cela pénétrer les secrets de ces intérieurs mystérieux comme des harems ; le regard rencontre un mur ; on entre dans la cour ou patio par une porte latérale. Ce n’est ni quelques heures, ni quelques jours, ni quelques mois, mais bien des années entières que nécessiterait l’examen un peu complet de ces mille détails si curieux, si caractéristiques, si instructifs pour l’archéologie et la science. Le dedans est encore plus intéressant que le dehors, à en juger par les deux ou trois maisons où la gracieuse complaisance des habitants nous a permis d’entrer. Que de choses admirables enfouies au cœur de ces constructions désordonnées, de ces pâtés d’édifices à moitié en ruine, que de délicates guipures arabes, que de frêles