Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/320

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fense, inutile aujourd’hui, et qui n’a gardé que sa beauté pittoresque, nous sortîmes par une des neuf portes de la ville qui s’ouvrait précisément où le hasard avait conduit nos pas, pour regarder du côté de la campagne les fortifications que nous venions d’examiner en dedans.

L’enceinte qui entoure Avila forme une sorte d’hexagone irrégulier, où ni les hommes ni le temps n’ont ouvert aucune brèche. Les Sarrasins pourraient se présenter sous ces remparts, les chevaliers chrétiens les recevraient de la belle façon. Il n’y manque pas une pierre, et le Vauban du moyen âge qui les a construits n’a rien négligé des défenses que l’époque mettait à sa disposition. Chose singulière ! ces murailles sont bâties en pierres polygones comme les murs cyclopéens, du moins dans les portions inférieures, sans doute les plus anciennes. Elles ne paraissent pas avoir été jointes par du ciment : un certain nombre de créneaux sont échancrés à la moresque comme ceux des remparts de Séville. À des distances assez rapprochées pour protéger l’espace intermédiaire, s’élèvent des tours arrondies plutôt que rondes, car le côté par lequel elles s’engagent dans la fortification est de forme berlongue, ce qui leur permet une plus forte