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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/43

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sveltes et les mieux combinées pour la marche ; ils sont aménagés avec une richesse intérieure qui n’a rien à envier aux boudoirs terrestres ; leurs mâts élevés, leurs longues, vergues peuvent déployer beaucoup de toile et ramasser le moindre souffle de vent ; c’est un luxe charmant que nos sportmen se donneront lorsque Paris sera devenu un port de mer ; ils trouveront dus équipages tout formés… chez les canotiers de la Seine.

Ces yachts, sans exception, étaient pavoisés, c’est-à-dire couverts de bannières, de flammes, de pavillons, de banderoles attachés aux cordages depuis le sommet des mâts jusqu’à fleur d’eau. Toutes les combinaisons d’émaux et de couleurs que peut fournir le blason naval figuraient là en échantillons nombreux, et l’œil s’amusait de toutes ces étoffes bariolées, qui ressemblaient de loin à des essaims d’oiseaux multicolores qui se seraient abattus sur les agrès.

À chaque instant passaient, donnant de la bande tant ils étaient chargés, des paquebots anglais de Southampton, de Newhaven, des bateaux à vapeur du Havre, de Trouville, de Rouen même, mis en réquisition pour la circonstance. Il était impossible de discerner leur pont, littéralement pavé de têtes, sur un fond d’habits noirs.

Ce tableau magnifique avait pour arrière-plan les vais-