Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/44

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seaux de guerre français, Saint-Louis, Alexandre, Austerlitz, Ulm, Donawerth, Napoléon, Eylau, Bretagne, Isly, qui, rangés en ligne à des distances symétriques, dessinaient au-dessus des flots leur silhouette grandiose avec cette élégance sévère, caractéristique de notre marine. — Quelle œuvre colossale, titanique, prométhéenne que la construction d’un vaisseau de guerre : du jour où la carcasse s’ébauche sur le chantier, pareille au squelette d’un Léviathan anté-diluvien, jusqu’à celui où il prend le large, ses cent canons mettant leur nez de bronze à la fenêtre des sabords ! Mais ne nous donnons pas le ridicule de découvrir le vaisseau et de nous étonner à propos de tout comme une souris sortant de son trou pour la première fois. Nous prions le lecteur de croire que nous avons déjà vu des vaisseaux autres que ceux du Corsaire, du Fils de la Nuit et de Jean Bart.

Un échange perpétuel de communications avait lieu entre la ville et la flotte ; de grands canots commandés par un officier assis à la poupe, ouvraient et refermaient leur éventail de longues rames, et circulaient à travers la cohue des bateaux à voile et des bateaux à vapeur, avec l’insouciance majestueuse de cygnes parmi des flottilles d’oiseaux aquatiques.

Nous vîmes les régates de trop loin pour suivre