Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/5

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tous les fiacres et autres véhicules plus ou moins susceptibles de rouler, attelés de quadrupèdes quelconques, et calculez ce qu’on aurait pu transporter de personnes. Il n’y a même pas besoin de remonter si haut. La ligne ferrée de Paris à Cherbourg vient d’être achevée tout récemment. Si la fête avait eu lieu quelques mois plus tôt, nous en aurions été pour nos vœux impuissants.

Le fait acquis a une telle force, qu’on n’y songe bientôt plus, quelque miraculeux qu’il soit. L’invention des chemins de fer, qui date à peine de vingt ou vingt-cinq ans, ne surprend plus personne ; on est déjà habitué à ses prodiges. Transporter en une journée, du centre de la France à l’une de ses extrémité, cent mille curieux et peut-être davantage, quoi de plus simple ? Il ne s’agit que de multiplier les convois et les wagons. — Cela eût paru tout à fait chimérique au commencement du siècle.

Non, nous n’aurions jamais cru qu’il existât autant de malles et de sacs de nuit ! Au jour du départ, et les jours précédents, ils s’entassaient par assises, par pyramides, par montagnes à la gare de l’Ouest, où les voitures n’arrivaient qu’en prenant la file, comme pour l’entrée d’un bal.

Quelle foule, quel tumulte, quel encombrement et pourtant chaque colis recevait son numéro et son éti-