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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/51

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V


On nous avait beaucoup parlé du château de Tourlaville et de l’histoire mystérieuse qui s’y rattache. Tourlaville n’est qu’à cinq kilomètres de Cherbourg : une simple promenade avant déjeuner et qui ne dérangeait en rien nos projets du jour. C’eût été manquer à nos devoirs de voyageur que de ne pas faire cette petite excursion ; aussi nous voilà parti sur un char à bancs de louage. La route est charmante, et, comme elle s’élève en pente douce, on domine bientôt Cherbourg avec ses toits d’ardoises rejointoyées de ciment, ses bassins, ses forts et sa rade ; puis on s’enfonce à droite par de jolis chemins de traverse bordés d’arbres et de haies, et l’on arrive au château de Tourlaville.

Le premier aspect du château, ruiné juste à point pour être pittoresque, saisit comme un décor d’opéra. Un large fossé dans lequel court une eau vive où de vieux arbres trempent le bout de leurs branches, sé-