Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/52

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pare le chemin de la cour d’honneur. Le fossé est enjambé par un pont menant à une porte enveloppée d’un lierre vigoureux qui forme comme un arc de triomphe en feuillage.

Le pont franchi, on entre dans la cour, que traverse, parmi les pierres, les graviers et les débris, un petit ruisseau d’eau limpide ; le manoir proprement dit, bâti en équerre avec les communs et les bâtiments d’exploitation, s’élève à la gauche. Son architecture est dans le style renaissance. Le corps de logis principal offre six fenêtres à croisillons de pierre formant deux étages et surmontées de lucarnes à piliers et à volutes échancrant un haut toit aigu brodé sur la crête d’une acrotère interrompue par trois corps de cheminée. Une seule des tours subsiste ; elle est ronde et coiffée d’un toit en éteignoir, et a une bonne silhouette seigneuriale. L’autre tour, que fait supposer la symétrie nécessaire du plan, a été abattue, comme l’indiquent des arrachements et des décombres à la place où elle devait s’élever et qu’occupe une petite chapelle bâtie sans doute en expiation du crime qui fait une légende au château de Tourlaville comme à un burg du Rhin. Les autres bâtiments, à demi tapissés de plantes pariétaires, n’ont rien de particulier, si ce n’est quelque moulure