Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les cornes nous ont été envoyées de Séville : ce sont celles d’un taureau nommé Gaudul, tué le 17 mai de cette année par Manuel Dominguez, une épée dont la réputation commence à se répandre en Espagne, et qui sera bientôt aussi célèbre dans l’ancien monde que dans le nouveau, d’où il arrive. La photographie est son portrait.

Nous avons connu toutes les célébrités du cirque espagnol depuis 1840, le grand Montès, Paquiro, comme l’appellent familièrement les Andalous, les Chiclanero, Cucharès, et Salamanquino, Labi, el Barbero, Cayetano Sanz, el Tato ; mais nous n’avions jamais vu Dominguez, et, en apprenant qu’il allait figurer aux courses de taureaux de Saint-Esprit, il nous a été impossible de résister à la tentation de prendre la route de Bayonne.

Le temps ni l’espace n’existent plus aujourd’hui, grâce aux chemins de fer ; aussi, deux jours après, étions-nous installé sur le toril même, dans le cirque de bois élevé à Saint-Esprit, de l’autre côté de l’Adour, en face de Bayonne.

Une course de taureaux est une solennité qui met en rumeur une ville méridionale. Tout, ce jour-là, a un air de fête ; une animation insolite agite les rues, ordinairement si paisibles. Les voitures de toute forme