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à tristan et iseult

déchire l’âme de Tristan. L’amour et la fièvre confondant leur délire, il se tord sur son lit de douleur avec les cris d’une souffrance surhumaine. Rien ne peut donner l’idée de cette effroyable agonie où la flamme de l’amour ne peut être éteinte par la mort, de cette attente éperdue de l’âme qui retarde le suprême départ.

Par moments le héros retombe terrassé, mort peut-être… Mais quand l’écuyer tout en pleurs se penche pour surprendre un dernier souffle, une dernière palpitation, le cœur de Tristan répond tout bas : Iseult !…

Et il renaît encore une fois à l’espérance, ce martyr d’amour ; le navire, bien que les yeux vulgaires ne puissent le voir, il l’aperçoit, lui, et sur le navire, Iseult, qui lui fait signe.

« Ne la vois-tu pas encore ? Majestueuse et douce, elle traverse en souveraine les champs de la mer ; elle vient, portée vers la terre par des flots de fleurs enivrantes ; son sourire me versera la consolation suprême. Ô Iseult !