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de rienzi

Iseult ! que tu es gracieuse ! que tu es belle !… »

Le navire est en effet signalé : les yeux de l’âme ne trompent pas. Toutes voiles gonflées, il vole sur les flots ; elle approche, elle arrive, l’enchanteresse. Quelle impatience délirante ! quelle frénésie de joie !

« Ivresse de l’âme, volupté sans mesure, impétueuse ardeur du sang, comment vous supporterai-je, enchaîné sur cette couche ? Debout ! debout donc, et en marche vers les cœurs qui battent ! »

Déjà la voix d’Iseult se fait entendre, et le héros s’élance en chancelant hors de son lit. La voici !… elle l’appelle, lui tend les bras ; mais il ne peut plus que mourir à ses pieds en prononçant une dernière fois le nom adoré !

« Ah ! une heure encore, rien qu’une heure reste-moi éveillé ! s’écrie Iseult éperdue de désespoir ; je n’ai vécu tant de jours d’angoisses et de désirs que pour veiller une heure encore avec toi ; ne meurs pas de la blessure, laisse