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les maîtres chanteurs

Il rentre chez lui et se met au travail devant sa fenêtre ouverte.

Eva, qui aime le chevalier, vient surprendre Hans Sachs et tâche d’obtenir de lui quelques renseignements sur la séance et l’accueil qui a été fait à Walther.

— Ah ! pour celui-là, tout est perdu ! s’écrie Sachs. Sache-le, mon enfant, celui qui est né maître ne fera pas fortune parmi les maîtres ; qu’il aille donc ailleurs chercher son bonheur.

— Oui, c’est ailleurs qu’il le trouvera, s’écrie la jeune fille avec colère, c’est près des cœurs qui brûlent encore d’une flamme généreuse, en dépit des maîtres envieux et sournois.

Walther survient, encore tout frissonnant de rage, il veut enlever sa bien-aimée et l’épouser dans son château. Le soir est tombé tout à fait, l’heure est propice, la rue déserte. Eva consent à suivre le chevalier ; mais Hans Sachs, qui surveille les amoureux, entr’ouvre son volet et fait tomber sur eux la lueur de la lampe, une traînée lumineuse barre la route.