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le crépuscule des dieux

fried sur son bouclier et, tandis que la lune pâle se lève, ils l’emportent lentement.

À la dernière scène, sous les portiques massifs de la demeure de Gonther, sinistrement éclairés par les torches, une foule gémissante apporte le cadavre de Siegfried et mêle ses plaintes au sourd mugissement du Rhin, qui roule, au fond, ses flots noirs

Gutrune éclate en cris de désespoir, mais Brunhilde, qui s’avance solennellement, fait taire ces clameurs.

— J’ai entendu, dit-elle, des pleurs d’enfants appelant leur mère ; mais aucune plainte digne du héros.

Alors, elle ordonne que l’on dresse un vaste bûcher, et lorsqu’une torche l’a allumé et que Siegfried y est étendu, le contemplant avec une indicible émotion, elle lui reprend du doigt l’anneau fatal, cause de tous les malheurs.

— La souffrance m’a fait clairvoyante, dit-elle ; ceux qui devaient effacer la faute des dieux étaient voués d’avance au malheur et