Page:Gautier - Richard Wagner et son œuvre poétique, 1882.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
acte premier

lorsqu’il fut sur la croix, recueillit son sang divin et la lance même qui fit jaillir ce sang, ces reliques précieuses parmi les plus précieuses, les célestes messagers les confièrent à la garde de notre roi. Alors Titurel érigea le sanctuaire. Vous qui êtes parvenus à son service par des voies inaccessibles aux pécheurs, vous savez qu’il n’est donné qu’aux hommes purs de s’associer à ces frères voués aux plus hautes œuvres de délivrance et fortifiés par la vertu sacrée et miraculeuse du Graal. C’est pourquoi celui sur lequel vous me questionnez, Klingsor, demeura exclu, quelque peine qu’il prît. Au delà des monts, dans la vallée, il s’était fait ermite, aux alentours s’étendait la terre luxuriante des païens. Ce qu’il avait commis là-bas me demeura secret, mais il voulait l’expiation, il aspirait même à la sainteté. Impuissant à tuer en soi les désirs coupables, il porta sur lui-même une main criminelle ; cette main qu’il tendit vers le Graal fut repoussée avec mépris par ses gardiens. Alors la rage enseigna à Klingsor comment l’horrible forfait