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parsifal

de son sacrifice pouvait lui servir à exercer un charme funeste ; son désert, il le changea en un jardin de délices. Là croissent, comme des fleurs, des femmes diaboliquement belles, et par d’infernales voluptés il s’efforce d’attirer les chevaliers du Graal. Celui qui cède à la séduction lui est acquis, et déjà, hélas ! beaucoup sont perdus pour nous. Lorsque Titurel, sous le poids d’un grand âge, eut confié la royauté à son fils Amfortas, celui-ci ne voulut de repos qu’il n’eût fait cesser ce fléau de l’enfer : vous savez ce qu’il advint. La lance est entre les mains de Klingsor, et comme il peut avec elle blesser les saints même, il croit déjà nous avoir ravi le Graal.

— Ah ! qu’avant tout la lance nous soit rendue, s’écrie un écuyer.

— Gloire et honneur à celui qui la rapportera !

Et Gurnemanz reprend :

— Devant le sanctuaire désert, Amfortas, prosterné, implorait dans une ardente prière un signe de délivrance, lorsqu’une douce lueur