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acte premier

pourpre, qu’ils vont poser sur un autel de marbre.

Tout à coup d’une niche qui se voûte au fond de la salle, derrière l’autel, une voix se fait entendre. C’est celle du vieux Titurel.

— Mon fils Amfortas, dit-il, officies-tu ? dois-je encore voir aujourd’hui le Graal et vivre ? dois-je mourir n’étant plus soutenu par mon Sauveur ?

— Hélas ! hélas ! ô tourment ! s’écrie Amfortas, mon père, oh ! encore une fois remplis la sainte fonction, oh ! vis et laisse-moi mourir !

Et Titurel :

— Dans la tombe je vis par la grâce du Seigneur, mais je suis trop faible pour le servir. Toi, expie ta faute à son service. Découvrez le Graal.

— Non ! ne le découvrez pas, s’écrie Amfortas dans une explosion de désespoir, oh ! se peut-il que nul d’entre vous ne puisse mesurer le tourment qu’éveille en moi la vue qui vous transporte ! Qu’est la blessure et la rage de ses douleurs auprès de la peine infernale