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acte deuxième

c’en est fait du salut d’Amfortas. Klingsor emploiera toutes ses ruses, les séductions les plus irrésistibles, pour perdre l’enfant naïf et pur.

Penché vers le fond ténébreux de la tour, il fait brûler des aromates dont la fumée roule en nuées bleuâtres ; puis il profère avec des gestes mystérieux une formule d’incantation.

— « À moi ! obéis à ton maître, éveille-toi à son appel, toi l’innommée, primitive diablesse, rose de l’enfer, qui jadis fus Hérodias ; monte, monte vers ton maître, obéis à celui qui a tout pouvoir sur toi. »

Lentement, surgissant des ténèbres, Kundry apparaît. Semblable à un être éveillé brusquement du plus profond sommeil, elle pousse un horrible cri d’épouvante qui s’éteint peu à peu dans un faible gémissement de détresse.

C’est elle, c’est la puissance de sa beauté qui doit faire tomber le candide adolescent au pouvoir du magicien ; n’est-ce pas dans ses bras que le roi du Graal a oublié la sainteté de ses devoirs ? N’est-ce pas à cause d’elle qu’il souffre et lutte maintenant sous la brûlure