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parsifal

cruelle des désirs coupables ? La tentatrice a beau se débattre, s’efforcer d’échapper au pouvoir qui la domine, les feux impurs qui brûlent en elle la contraindront bien à obéir.

Le bien et le mal se disputent tumultueusement cette âme, plusieurs fois incarnée déjà. Comme un Ahasvérus, féminin, elle a jadis insulté le Christ et est condamnée à renaître sans fin dans la brûlure du péché. En vain, elle aspire à la délivrance ; toujours elle retombe dans les pièges de la chair. Celui qui résisterait à l’enchanteresse la sauverait peut-être ; mais tous sont faibles devant sa beauté, tous se damnent avec elle.

Klingsor, lui, la tient en son pouvoir et sait la réveiller du sommeil léthargique où il la plonge quand il veut.

— Sur moi seul tes séductions ne peuvent rien, lui dit-il.

— Ah ! ah ! s’écrie-t-elle avec un rire strident, serais-tu chaste ?

— Que demandes-tu là, femme maudite ? hurle Klingsor plein de rage. Ô tourment cruel !