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richard wagner

le lac des Quatre-Cantons quand le soleil se leva.

Je me souvient que sa lumière posait une étoile sur les lèvres du maître tandis qu’il nous parlait. Il s’agissait de Mendelssohn : « C’est un grand paysagiste, » disait-il. J’avoue avoir très mal regardé la contrée que je visitai. Je me rappelle, à la première étape, une truite sur laquelle Wagner fit un affreux calembour que je ne traduirai pas, puis un bateau à vapeur qui nous conduisit à Zurich, où le maître fut accueilli par la population, comme un roi bien aimé, une montagne gravie, une promenade en barque, mais de tout confusément ; ce qui est resté à jamais dans ma mémoire c’est le charme de ces journées passées dans une si glorieuse intimité, c’est cette douce gaîté, cette simplicité, ces soins attentifs, cet art de tout organiser pour notre plus grand agrément ; il était levé le premier et réveillait les paresseux : il chantait pour cela la Marseillaise en tambourinant sur les portes.

De retour à Lucerne, Wagner avoua qu’il