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de rienzi

reste sans réponse ; mais alors avec un élan de foi sublime elle se jette à genoux et demande au ciel de faire paraître le défenseur que la vision lui montra.

Bientôt en effet le peuple, groupé sur les rives du fleuve, signale, dans une agitation croissante, au loin une étrange nacelle tirée par un cygne éblouissant ; elle s’avance, elle approche ; un chevalier, d’une beauté merveilleuse, est debout dans la nacelle ; son casque léger, sa cuirasse d’argent, resplendissent ; d’une main il s’appuie sur son bouclier. « Miracle ! miracle ! » crie la foule, est-ce là un archange envoyé par Dieu ?

Le mystérieux chevalier touche le rivage ; d’une voix calme et mélancolique il dit adieu au beau cygne qui l’amena et retourne maintenant vers les régions inconnues d’où il vient, puis il s’avance au milieu des assistants surpris et charmés. « Je viens, dit-il, défendre l’innocence accusée injustement. Qui veut combattre contre moi ? »

Telramund, en dépit du caractère sacré de