Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/103

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firent quelques tours sur le boulevard dont le club est voisin.

« Que penseront les habitués de ce salon qu’on appelle le Bois, dit Guy au baron, de cette femme, de ce traîneau, de ce cheval, de ce cocher, si merveilleusement remarquables et que personne ne connaît ?

— La vision n’a été manifeste que pour vous, la comtesse, sur laquelle l’esprit voulait agir, et moi qui, en ma qualité d’initié, vois ce qui est insaisissable pour le reste des hommes. Soyez sûr que si Mme  d’Ymbercourt parle de la belle princesse russe et du magnifique steppeur, on ne saura pas ce qu’elle veut dire.

— Croyez-vous, dit Malivert au baron, que je revoie bientôt Spirite.

— Attendez-vous à une visite prochaine, répondit M. de Féroë ; mes correspondances d’outre-monde m’avertissent qu’on s’occupe beaucoup de vous là-bas.

— Sera-ce cette nuit ou demain, chez moi ou dans un milieu imprévu, comme cela est arrivé aujourd’hui ? s’écria Malivert avec l’impatience d’un amoureux avide de passion et d’un néophyte curieux de mystère.

— Cela, je ne saurais vous le dire précisément, répliqua le baron suédois ; les esprits, pour qui le temps n’existe pas ou n’existe plus, n’ont pas d’heure, puisqu’ils plongent dans l’éternité. Pour