Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/33

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veillants que l’art devait y embellir la beauté, contrairement à la romance de M. Planard, scintillaient les diamants, se hérissaient les plumes, verdoyaient les feuillages semés de gouttes d’eau, s’entr’ouvraient les fleurs vraies ou chimériques, bruissaient les brochettes de sequins, s’entrecroisaient les fils de perles, reluisaient les flèches, les poignards, les épingles à deux boules, miroitaient les garnitures d’ailes de scarabée, se contournaient les bandelettes d’or, se croisaient les rubans de velours rouge, tremblotaient au bout de leur spirale les étoiles de pierreries et généralement tout ce qui peut s’entasser sur la tête d’une femme à la mode, sans compter les raisins, les groseilles et les baies à couleurs vives que Pomone peut prêter à Flore pour rendre complète une coiffure de soirée, s’il est permis à un lettré qui écrit en l’an de grâce 1865 de se servir de ces appellations mythologiques.

Adossé au chambranle de la porte, Guy contemplait ces épaules satinées sous leur fleur de poudre de riz, ces nuques où se tordaient des cheveux follets, et ces poitrines blanches que trahissait parfois l’épaulette trop basse d’un corsage ; mais ce sont là de petits malheurs auxquels se résigne aisément une femme sûre de ses charmes. D’ailleurs le mouvement pour remonter la manche est des plus gracieux, et le doigt qui