Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/57

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pris pour arbitre d’une discussion philosophique par Molière et Chapelle. »

Ayant dit ces mots, Guy de Malivert se leva pour prendre congé. Mme  d’Ymbercourt, dont il secoua la main à l’anglaise, arrêta sur lui un regard qui voulait dire : « Restez, » aussi clairement que la réserve d’une femme du monde le permettait, et ce regard suivit obliquement Malivert jusqu’à la porte, avec une nuance de tristesse qui l’eût touché sans doute s’il eût pu l’apercevoir ; mais son attention était occupée par la physionomie impérieusement tranquille du Suédois, qui semblait dire : « Ne vous exposez pas de nouveau au péril d’où je vous ai tiré. »

Quand il fut dans la rue, il pensa, non sans une sorte d’effroi, à l’avertissement surnaturel qu’il avait reçu avant d’entrer chez Mme  d’Ymbercourt et à la visite du baron de Féroë, qui coïncidait d’une façon si singulière avec sa désobéissance à cet avis mystérieux. Le baron semblait lui avoir été envoyé comme soutien par les puissances occultes dont il sentait vaguement la présence autour de lui. Guy de Malivert, sans être systématiquement incrédule ni sceptique, n’avait cependant pas la foi facile, et on ne l’avait jamais vu donner dans les rêveries des magnétiseurs, des tables tournantes et des esprits frappeurs. Il sentait même une sorte de répulsion pour ces expériences où l’on veut mettre le mer-