Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/61

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se trouve le club dont il faisait partie. Laissant son paletot aux mains des domestiques en livrée debout dans l’antichambre, il feuilleta le registre sur lequel s’inscrivent les dîneurs du jour, et vit avec satisfaction que le non du baron de Féroë y était écrit. Il traça le sien au-dessous, puis traversa la salle de billard, où le garçon pointeur attendait mélancoliquement que quelques-uns de ces messieurs eussent le caprice de venir faire une partie, et plusieurs autres salles hautes, vastes, meublées avec toutes les recherches du confort moderne, entretenues dans une température égale par un puissant calorifère, ce qui n’empêchait pas d’énormes bûches de s’écrouler en braise sur les chenets monumentaux des grandes cheminées. À peine quatre ou cinq membres du cercle flânaient sur les divans ou, accoudés sur la grande table verte du salon de lecture, parcouraient distraitement les journaux et les revues rangés dans un ordre méthodique sans cesse troublé et rétabli. Deux ou trois expédiaient leur correspondance d’amour et d’affaires sur le papier du club.

L’heure du dîner approchait, et les convives causaient entre eux en attendant que le maître d’hôtel annonçât qu’on était servi. Guy commençait à craindre que le baron de Féroë ne vînt pas ; mais comme on passait dans la salle à manger, il arriva et prit place à côté de M. de Malivert. Le dîner, servi avec un grand luxe de cristaux, d’ar-