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208 TABLEAUX À LA PLUME.

pour y faire exécuter de grandeur naturelle, par Decamps, cette étonnante légende peinte de l’Hercule israélite ? Ce serait, à coup sûr, une belle et curieuse chose. A notre avis, quelque grande que soit sa réputation, Decamps n’a pas dit son dernier mot. On ne lui a pas donné l’occasion de mettre en lumière le peintre épique qui est en lui, et dont la bataille des Cimbres a signalé l’existence.

Les Deux Galériens sont un fac-simile pris à Toulon, et dont l’énergie relève la trivialité. Decamps a fait des hures de ces groins habitués à remuer les fanges du crime.

On ne peut traduire avec plus d’esprit la fable de La Fontaine :

Un jour sur ses longs pieds allait, je ne sais où, Le héron au long bec emmanché d’un long cou.

Le Héron de Decamps est parfait d’attitude et de physionomie ; l’artiste connaît à fond l’âme des bêtes ; il sait les faire vivre, agir et penser, sans tomber dans la caricature humaine. Quant aux Bassets à jambes torses, on sait que Decamps dispute à Jadin le fouet du valet de chiens. Le chenil n’a pas de mystère pour lui.

Admirez cette précieuse aquarelle de Paul Delaroche, représentant Sainte Amélie, aussi délicate, aussi fine qu’une miniature du livre d’heures de la