Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/206

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le monde peignait dans cette famille comme dans celle de Vernet. Charles, le frère d’Eugène, est lui-même un très-bon peintre d’intérieur, mais celui qui semblait devoir amener sur ce nom le plus de lumière et de gloire était Victor. La nature l’avait richement doué, et un travail de jour en jour plus opiniâtre ajoutait l’expérience à ces dons. Quoique sa vie ait été brisée dans sa fleur épanouie, à trente ans, il a eu le temps de montrer ce qu’il valait et de faire regretter l’artiste autant que l’homme. Nous l’avons connu tout jeune, presque enfant, et l’amitié qui nous liait au père, si souvent rencontré pendant « nos années de voyage » en Espagne, en Turquie et ailleurs, s’était naturellement continuée au fils, dont nous suivions les progrès avec un intérêt particulier. C’était plaisir de voir d’un salon à l’autre se développer et grandir ce jeune talent, qui avait déjà donné au présent des gages sérieux, et sur qui l’avenir pouvait compter beaucoup. Nous le rencontrions le soir, dans le monde ou aux premières représentations, car il aimait, après la journée de labeur et le silence de l’atelier, l’éclat des lumières, les élégances et le mouvement de la vie. Il s’intéressait aux choses de