Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/221

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peux, le dénombrement à Sancho ébahi, la prenant pour l’ost du Miramolin ; des toisons ondulant à l’infini, comme une mer laineuse, dans un de ces paysages que Doré sait si bien faire.

On se souvient de ce pauvre bois fashionable, naguère le lieu d’exhibition des élégances, transformé en parc à bestiaux ; mais, après tout, il n’y perdait pas en beauté, et lorsqu’un grand bœuf, levant le mufle d’un air d’inquiétude étonnée, traversait une allée déserte suivi bientôt de quelques compagnons enhardis, cela ne faisait pas un mauvais effet pittoresque. L’admirable dessin de Gustave Doré conservera pour la postérité cet aspect unique du bois de Boulogne auquel nos neveux refuseront de croire, avec une poésie qui en complète la vérité.

Un autre dessin déploie le panorama de Paris vu en abîme du plateau de la butte Montmartre, de ce moulin où étaient installés les puissants appareils électriques dont les rayons, d’un blanc livide, allaient fouiller au loin la plaine et y surprenaient, par leur brusque clarté, les manœuvres des Prussiens. La ville énorme, baignée de fumée, piquée de points lumineux ébauchant dans l’ombre ses monuments comme des pro-