Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/256

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huit pieds de haut comme les enfants du bénitier de Saint-Pierre, lutinent des orques chimériques, à nageoires onglées. On dirait un décor d’opéra du temps réalisé. Malgré la dépravation du goût, il y a dans l’agencement de ces figures une facilité pompeuse et grandiose d’un bel effet. La teinte mate de ces groupes, coulés en plomb, se marie heureusement aux tons gris de la pierre vermiculée et effrangée de stalactites, et le ruissellement de l’eau leur donne, aux jours de fête, les luisants et le poli qui leur manquent aux temps de sécheresse.

Le retour du refrain nous avertit que nous tardions trop longtemps et nous continuâmes à marcher. Au bout des allées qui s’ouvrent en éventail autour du bassin du côté de Trianon comme dans ces fuites bleuâtres des parcs de Watteau flottaient de légères fumées dont la vapeur allongeait la perspective aérienne. Le printemps, comme un paysagiste timide qui procède à petits coups dans son feuillé, plaçait sur les branches, d’un pinceau sobre et un peu maigre, quelques touches d’un vert tendre. C’est le moment où les arbres ont tout leur jet et toute leur élégance. Leur structure si fine et si délicate ne