Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

disparaît pas encore sous l’épaisseur des frondaisons et ils ne portent plus cependant la sombre livrée de l’hiver.

Sur le rebord du bassin de Cérès dont l’eau était opalisée par des nuages de savon, des soldats lavaient leur linge et le suspendaient pour sécher aux murailles des charmilles. Qu’eût dit de ce spectacle l’ombre du grand roi, si elle erre encore dans le jardin où il se promenait avec la Vallière, Fontange ou Montespan ? Elle eût fait sans doute une moue dédaigneuse et, cependant, au point de vue purement pittoresque, la tache garance des pantalons réchauffait le vert un peu froid du paysage comme ces points rouges dont le coloriste Decamps piquait ses gazons.

Tout en continuant à gravir vers la terrasse sur laquelle le château déploie sa belle ordonnance, nous regardions à travers les mailles, légèrement festonnées de jeunes feuilles, d’un treillage détruit un peu par le temps et beaucoup par les hommes, cette portion réservée du parc, nommée « le bain d’Apollon, » et nous découvrions entre les fûts des arbres, un rocher factice d’où tombent les nappes de la cascade quand jouent les grandes eaux.