Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/324

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C’est la violence humaine qui détruit. Le pavillon de Marsan n’a conservé que sa croûte extérieure. Le dedans est effondré ; le pavillon de Flore à l’autre extrémité du palais a relativement peu souffert. Son toit seul a brûlé. Les pierres de la bâtisse neuve ont résisté à la flamme, et du côté de la rivière les vivantes sculptures de Carpeaux animent encore la façade. Çà et là le feu s’est fait jour à travers les combles des bâtiments qui longent le quai. Par miracle, l’incendie s’est arrêté à l’endroit où commence la galerie du Louvre. L’élément, moins stupide que l’homme, a reculé devant cette destruction des chefs-d’œuvre ; il n’a pas voulu faire un petit tas de cendre de toutes ces merveilles et anéantir les titres de noblesse du génie humain. Une telle profanation lui a fait horreur ; mais sur la rue de Rivoli, dans la bibliothèque du Louvre, poussé à bout par tous les moyens que la science moderne détournée de son but met au service du crime, il a été forcé de consumer les livres rares, les manuscrits précieux, les dessins authentiques, et, sortant par les fenêtres, de souiller de ses fumées les impassibles cariatides de la façade qui, le front penché, l’œil fixe regardent comme de sombres Némésis l’élé-