Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/57

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ensemble de courtines et de bastions s’appelle front. Presque tous les fronts de l’enceinte de Paris se développent en ligne droite. Or, d’après un axiome bien connu en fortification, une suite de fronts en ligne droite est inattaquable. »

Voilà un axiome qui nous plaît et dont la justesse sera bientôt prouvée, nous l’espérons. Maintenant, engageons-nous dans la rue militaire, autrefois presque déserte et maintenant si peuplée.

Le rempart, tel que nous venons de le décrire, représente l’enceinte en temps de paix et non armée pour la défense, à laquelle on ne croyait pas avoir besoin de recourir jamais. Aussi quel feu roulant de plaisanteries plus ou moins spirituelles, de pois lancés à travers la sarbacane des petits journaux contre ce pauvre M. Thiers qui voulait fortifier Paris ! Cette idée de voir l’ennemi devant la capitale de la France faisait sourire tout le monde, tant elle paraissait invraisemblable ! L’opposition prétendait que l’enceinte ne servirait qu’à emprisonner la ville et que les forts tireraient sur l’émeute au lieu de repousser une invasion chimérique. D’ailleurs, disait-on, le plus sûr rempart dont puisse s’entourer une cité,